L’homme de lettres et figure de la télévision, Bernard Pivot, nous a quitté ce lundi 06 mai 2024 à l’âge de 89 ans. Son héritage dans le monde du journalisme et de la littérature est sans doute indélébile, marquant des générations par son dévouement à la promotion de la culture et de la langue françaises. Au fil des décennies, il a animé des émissions culte, entrevu des personnalités célèbres et promu la littérature avec passion. Cet article de l’ISFJ rend hommage à ces moments inoubliables qui ont jalonné sa carrière exceptionnelle.
Apostrophes : le temple de la littérature
Apostrophes, l’émission phare animée par Bernard Pivot de 1975 à 1990, demeure un véritable monument dans l’histoire de la télévision française. Chaque semaine, des écrivains prestigieux venaient débattre et partager leurs œuvres sous le regard attentif de Pivot. Ce rendez-vous littéraire était attendu avec impatience par des millions de téléspectateurs avides de découvertes et de discussions intellectuelles.
L’un des moments les plus mémorables d’Apostrophes est sans doute l’interview de l’écrivain argentin Jorge Luis Borges en 1984. Cette émission a offert aux téléspectateurs français un rare aperçu de l’esprit brillant de Borges et de sa vision unique de la littérature. Son échange avec Bernard Pivot a été à la fois profondément intellectuel et émotionnellement touchant, laissant une empreinte indélébile dans l’histoire de l’émission.
Le Questionnaire de Proust : une fenêtre sur l’âme
Bernard Pivot a popularisé le célèbre Questionnaire de Proust à travers son émission Bouillon de Culture. Ce questionnaire, composé de questions profondes et introspectives, permettait de découvrir l’essence des invités. Les réponses souvent surprenantes ou émouvantes ont contribué à humaniser les personnalités publiques et à révéler leur sensibilité sous un nouveau jour.
Un moment mémorable du Questionnaire de Proust est l’interview de Marguerite Yourcenar en 1980. Cette grande dame de la littérature française a répondu avec une sincérité et une profondeur qui ont captivé le public. Ses réponses ont révélé une sensibilité et une introspection remarquables, offrant un éclairage précieux sur sa personnalité et son parcours artistique.
Le Grand Prix du Roman de l’Académie française
En tant que président de l’Académie Goncourt, Bernard Pivot a joué un rôle majeur dans la promotion de la littérature française. Chaque année, il présidait avec rigueur et passion le jury du Grand Prix du Roman de l’Académie française, contribuant ainsi à mettre en lumière de nouveaux talents et à récompenser des œuvres remarquables.
En 1991, lors de la cérémonie de remise de ce titre prestigieux, le jury de Bernard Pivot a couronné le roman La nuit sacrée de Tahar Ben Jelloun. Cette reconnaissance a propulsé l’écrivain marocain sur la scène littéraire internationale et a confirmé l’importance de ce prix dans le monde des lettres françaises.
La passion pour les mots
Bernard Pivot est connu pour sa passion pour la langue française et sa défense de la culture littéraire. Ses interventions spontanées et éloquentes ont souvent enchanté les amateurs de mots. Qu’il s’agisse de jeux de mots, de citations ou d’anecdotes surprenantes, Pivot a su captiver son public en lui transmettant son amour pour la langue de Molière.
Lors d’une émission spéciale de Bouillon de Culture en 1999, Bernard Pivot a partagé avec le public un moment de culture inédit en présentant une sélection de mots rares et insolites. Son enthousiasme contagieux et son érudition ont fait de cet épisode un moment inoubliable où la beauté et la richesse de la langue française ont été célébrées avec éclat.
Avec le départ de Bernard Pivot, l’homme de lettres et icône de la télévision, nous perdons un pilier de la culture française. Son engagement passionné pour la langue et la littérature a touché les cœurs de millions de personnes à travers le monde. Sa présence inspirante et son influence ont également laissé une empreinte indélébile sur les jeunes, notamment sur les étudiants de l’ISFJ, qui ont été nourris par sa passion et son dévouement pour les lettres françaises.