Définir le journalisme d’investigation s’avère difficile, mais on s’accorde pour considérer qu’il s’agit de l’aboutissement d’une enquête de fond sur le long terme qui vise à dévoiler des informations gardées confidentielles par des personnalités de pouvoir. Comment caractériser cette spécialité et quelle voie prendre pour s’y former ?
Le journalisme d’investigation : histoire et évolution
L’UNESCO considère que le journalisme d’investigation consiste à dévoiler au public des affaires gardées secrètes par une personne exerçant une fonction au sein du gouvernement d’un État.
Ainsi, la notion de journalisme d’investigation varie selon le système politique et l’organisation gouvernementale en place. Dans les États démocratiques, le professionnel de l’information doit faire preuve d’un long processus de recherche pour que son travail soit qualifié de journalisme d’investigation. En revanche, dans les pays à la démocratie émergente, des textes critiques ou des écrits remettant en cause l’état du système politique peuvent être considérés comme tels.
On a longtemps fait s’opposer le journalisme d’investigation et le journalisme politique. C’est dans l’entre-deux-guerres que se développe la notion et que de grands reporters de terrain voient leur travail reconnu, comme c’est le cas du célèbre Albert Londres. Mais l’exemple le plus emblématique reste l’affaire Dreyfus, révélée par Emile Zola.
Plus tard, dans les années 1970, des journalistes isolés entreprendront un travail journalistique se basant sur des recherches sourcées pour révéler des vérités cachées par les pouvoirs en place. C’est à ce moment que les grands journaux commencent à assumer leur rôle d’éditeurs de ces enquêtes, jusqu’alors publiées sous forme de livre ou d’essai.
Dans les années 1990, c’est l’ensemble des grandes rédactions qui pratique le journalisme d’investigation. Des dossiers remettant en cause les grands partis politiques, les institutions ou les procédures administratives sont publiés. Certains articles ont même permis de définir des formes de criminalité jusqu’alors ignorées, comme le délit d’initié ou les emplois fictifs.
Les années 2000 confirment la prépondérance du journalisme d’investigation qui se positionne aujourd’hui comme la revanche de la presse écrite sur les médias digitaux et audiovisuels.
Comment apprendre la méthodologie du journalisme d’investigation ?
La méthode qui fait le succès du journalisme d’investigation ne peut être maîtrisée qu’après de longues années d’études et de pratique du métier.
Le travail de recherche rigoureux que nécessitent la construction et le suivi d’une enquête demande que le journaliste ait suivi une formation spécialisée. Son cursus doit lui permettre de développer ses compétences d’enquêteur, de travailler ses capacités relationnelles et de mettre en pratique ses connaissances à l’occasion de stages au sein de rédactions.
Les écoles de journalisme reconnues par la profession sont généralement des établissements privés d’enseignement supérieur. L’ISFJ propose des formations spécialisées dans le journalisme qui comportent la modalité de l’apprentissage en alternance. En effet, rien ne remplace l’expérience sur le terrain en matière d’enquête. En 5e année du cycle mastère, les étudiants qui le souhaitent sont orientés vers la spécialité du journalisme d’investigation.
Attention, par journalisme d’investigation, on n’entend pas révéler un scoop obtenu grâce à la fuite malencontreuse de documents confidentiels. Il faut qu’il y ait un véritable travail d’enquête en profondeur, et cela demande d’avoir suivi une formation complète et d’acquérir une solide expérience professionnelle.